MYMC 2015

Le Mediterranean Youth Mathematical Championship (MYMC) est une compétition internationale de mathématiques par équipes de quatre personnes, dont deux garçons et deux filles. Quatorze pays participent à  l’édition 2015.

La délégation française pour le MYMC 2015 qui s’est déroulée du 7 au 10 juillet 2015 à  Trieste était composée de Baptiste Collet, Arthur Nebout, Myriam Qrichi Aniba et Lucie Wang. Igor Kortchemski était chef de délégation. Myriam, tombée malade à  la dernière minute, n’a finalement pas pu participer.

Classement final des premiers pays :

 Italie (25 points)

 Croatie (24 points)

 France (24 points)

 Espagne (23 points)

 Chypre (22 points)

La France se classe donc 3ème sur 14 pays en ayant résolu correctement tous les 14 problèmes des deux tours, en étant départagée avec la Croatie par une épreuve «Â fil-rouge  » de rapidité.

Le départ

Le début du périple se passe sans soucis : nous nous retrouvons avec Arthur et Lucie à  Denfert-Rochereau, puis affrontons le RER B, véloce et climatisé, qui nous amène au Terminal 1 de Charles de Gaulle, o๠nous retrouvons Baptiste. Myriam est tombée malade à  la dernière minute, et ne pourra malheureusement pas faire le trajet.

Nous arrivons largement en avance devant la porte d’embarquement pour bien commencer notre voyage qui dure plus de 6 heures : comme il n’y avait pas de vol direct pour Trieste, nous avons une correspondance à  Mà¼nich (contrairement à  l’équipe d’Espagne, nous attendons devant la bonne porte ce qui nous permet de ne pas rater l’avion).

Nous en profitons pour réviser le règlement de l’année 2013, en espérant que celui de cette année soit similaire. Les élèves concluent qu’il y a bien trop d’aléatoire dans celui-ci, puis se lancent dans le traditionnel jeu de cartes.

Les deux vols se passent sans encombres, mais le point délicat arrive au moment d’acheter les billets de bus pour rejoindre l’ICTP, centre de physique théorique près de Trieste, o๠le MYMC se déroule : contrairement à  ce qu’on pensait, il n’était pas possible d’acheter les billets dans le bus. Or la borne automatique ne renvoyait rien lorsqu’on indiquait “Grignano” ou “Miramare”… Rejoints par les équipes de Tunisie et d’Albanie, il nous a fallu attendre l’arrivée du chauffeur de bus pour résoudre le paradoxe : l’arrêt recherché s’appelait en fait “Trieste – Grignano Miramare”.

Arrivés à  destination, nous sommes sur le point de partir à  pied pour rejoindre le “Guesthouse Galileo”, mais deux italiens descendus avec nous nous enjoignent de les suivre car apparemment ils savent o๠c’est. Ne flairant pas le traquenard, nous descendons donc une pente qui serpente, et arrivons au “Guesthouse Adriatico”, o๠on nous dit qu’il faut bien entendu qu’on retourne au “Guesthouse Galileo”. Heureusement, grà¢ce à  une navette reliant les deux endroits (l’ICTP est construit sur une pente séparée par une route, les deux parties connexes se relient en environ 20 min à  pied), nous n’avons pas à  eu à  faire le chemin en sens inverse sous un soleil de plomb.

Au Guesthouse Galileo, nous obtenons les clés des chambres, ainsi que les fameux tickets repas “half meal vouchers”:

Après un selfie dans l’ascenseur aux allures soviétiques

nous prenons une douche, et nous nous retrouvons vers 19h pour aller manger. Nos chambres, assez sobres mais spacieuses, sont ornées d’un tableau à  craie pour pouvoir faire des maths en toute circonstance (ceci rappelle les toilettes et ascenseurs du Newton Institute à  Cambridge, également décorés de tableaux), et donnent magnifiquement sur la Méditerranée.

On arrive devant un bà¢timent avoisinant, o๠nous croisons les équipes de Serbie et Palestine, qui errent également pour trouver l’endroit indiqué pour se sustenter. Heureusement, une personne sortant du bà¢timent nous dit que pour avoir de la nourriture fraîche, il faut en fait aller au “Guesthouse Adriatico”. Ironiquement, nous retournons là -bas, et après 10 minutes passés à  comprendre comment fonctionnent les tickets repas (on peut prendre une demi-part du premier plat, une demi-part du second plat, et deux légumes, sauf si on préfère prendre une salade à  la place, et il faut également choisir entre pain, eau et fruit, sachant que la pastèque n’est pas considérée comme un fruit).

Après une petite promenade le long de la mer
nous rentrons pour se reposer pour le jour J le lendemain (avec pour consigne de ne pas se coucher trop tard, au moins ce soir!), en se demandant comment optimiser l’utilisation des 6 tickets repas qui permettent d’avoir deux repas par jour…

La compétition

Rendez-vous à  7h30 pour le petit-déjeuner, o๠nous décidons d’utiliser nos tickets repas pour l’occasion, mis à  part un des élèves (qui restera dans l’anonymat) qui garde son ticket par mégarde. La cérémonie d’ouverture commence à  9h et se finit assez rapidement. Claudio Arezzo, mathématicien très sympathique travaillant à  l’ICTP, explique en particulier les trois principales différences à  ses yeux entre cette compétition et ce qu’il se passe dans la recherche :

 au MYMC, on sait que les problèmes ont des solutions, ce qui n’est bien sà»r pas le cas en recherche.

 il s’agit d’une compétition en temps limité o๠on résout une vingtaine d’exercices dans la journée. Arriver à  résoudre une vingtaine de problèmes dans toute la vie d’un chercheur est déjà  difficile !

 les équipes sont formées par des frontières géographiques au MYMC. En recherche, il n’y a pas de frontières : ce sont les mêmes intérêts de recherche qui forment les différentes équipes de collaborateurs.

Cependant, les organisateurs ne rentrent pas dans les différents détails pratiques car “on verra tout en temps voulu”.

La compétition est lancée à  10h par le premier tour : 10 exercices à  résoudre en 1h30 en équipe. Une réponse correcte rapporte 2 points, une réponse fausse 0 points et 0,5 points pour une réponse non donnée. Le sujet, faisant penser à  des exercices de type “Concours Kangourou”, est disponible ici. En évitant quelques petits pièges malicieux, la France parvient à  un score parfait, tout comme l’Italie et la Croatie. Voici les scores :

Nous fêtons cette réussite en choisissant un des nombreux cafés sur la carte:

Le deuxième tour se déroule sous forme de duels :

 d’abord la première équipe (après le premier tour), contre la deuxième équipe, la troisième contre la quatrième, et ainsi de suite. En cas d’égalité de classement, on fait un tirage aléatoire (en règle générale, un tirage aléatoire a lieu à  chaque fois qu’il faut faire un choix). Dans chaque duel, les équipes ont deux problèmes à  résoudre en 30 minutes. Chaque équipe marque un nombre de points égal au nombre de problèmes résolus, avec un bonus de 1 point si elle résout strictement plus de problèmes que l’équipe adverse. Petit piment : au tout début, chaque équipe choisit un problème parmi les deux et l’envoie à  son équipe adverse. Il semble que la chance nous sourit : la France sera contre Chypre, arrivée 4ème. Finalement, tout le monde réussit les deux problèmes, sauf la Tunisie qui en réussit un seul, et la Palestine qui se trompe sur les deux réponses.

 ensuite, les duels ont lieu de manière aléatoire (avec la seule condition que deux équipes qui viennent de se rencontrer ne peuvent pas se rerecontrer). Ici, l’Italie semble avoir eu de la chance en affrontant la Palestine. Ici aussi quasiment toutes les équipes résolvent les deux problèmes, sauf la Palestine qui n’en résout un seul.

L’Italie se retrouve donc première (grà¢ce à  un point bonus pour un duel gagné), et la Croatie et la France deuxièmes, quand bien même ces trois équipes ont tout résolu. Le leader italien, très sympathique, nous dit que finalement c’est quand même un coup de chance et qu’il est un peu désolé de la situation.

Normalement, d’après le règlement, il doit y avoir une épreuve “fil rouge” pour départager la France et la Croatie : les deux équipes reçoivent un même problème à  résoudre, et le premier à  le résoudre correctement passe devant l’autre équipe. Or, le jury revenant de la délibération, convoque les team-leader et capitaine de la Croatie, France et Italie, et nous annonce que vu les circonstances exceptionnelles (tous les exercices résolus correctement jusqu’à  présent), il souhaite ajouter l’Italie à  l’épreuve “fil rouge” (en lui enlevant son point bonus). Le leader italien, fourbe et malicieux (c’est d’ailleurs à  lui que nous devons le traquenard du premier jour !), refuse, en disant que le règlement est le règlement, mais que, dans sa grande bonté, il veut bien partager la médaille d’or avec une autre équipe. Cette solution ne convient pas aux organisateurs, qui n’ont que 4 médailles d’or. Nous proposons alors de faire un classement officiel en suivant le règlement, et aussi un classement officieux en faisant participer l’Italie au fil rouge. Une dizaine de minutes de discussions entre l’Italie et les organisateurs plus tard, nous proposons finalement une autre solution : l’Italie gagne de toute façon la médaille d’or, mais on fait participer tout le monde au fil rouge, comme ça tout le monde s’amuse, et on utilise ses résultats uniquement pour départager la Croatie et la France. Cette idée plaît à  tout le monde, et est retenue.

C’est parti pour le fil rouge ! Un exercice à  résoudre le plus rapidement possible. Assez rapidement, l’Italie rend en premier une solution, suivie par la Serbie, puis la France. Si l’Italie et la Serbie ont la bonne réponse, nos élèves se sont malheureusement trompés sous la pression. Comme la Croatie a répondu plus tard mais correctement, ce ceux finalement eux qui auront la médaille d’argent, et la médaille d’or revient naturellement à  l’Italie !

La France finit donc 3ème sur 14. Les élèves sont peut-être un peu frustrés qu’il n’y ait pas eu d’exercices plus difficiles pouvant départager les meilleures équipes. La compétition étant encore un peu jeune, peut-être faut-il un peu de temps pour bien calibrer le niveau.

Après ce deuxième tour, nous récupérons les t-shirts tant attendus, prenons quelques photos, et repassons par nos chambres pour poser nos affaires. Les élèves français rencontrent les espagnols, et décident d’aller faire un petit tour à  la plage. Quelques-uns en profitent pour nager dans la très chaude Méditerranée un peu agitée, et les autres français apprennent le Mao aux espagnols. Direction ensuite le traditionnel repas en terrasse. Nous sommes arrivés au bon moment : juste après, un énorme orage éclate, et continue même après le dîner. Ce n’est pas un souci : les français et espagnols retrouvent les italiens, et une longue partie de loup-garou s’engage.

Le lendemain

Après une nuit de sommeil (courte pour certains), nous commençons la journée par une rapide remise des prix, suivies de deux exposés de mathématiques. Le premier, par Emilia Mezzetti, s’intéresse au problème de Waring et à  ses généralisations pour des polynà´mes à  plusieurs variables. Le deuxième, par Maxim Smirnov, porte sur le théorème de Pick, est assez interactif et fait participer les élèves. Une démonstration amusante est donnée, consistant à  faire fondre de la glace .

L’organisateur principale nous ensuite qu’on ne peut pas encore aller manger, car il nous réserve une sympathique surprise. Il se trouve que la télévision italienne souhaite faire un reportage sur la compétition, mais n’avait pas réalisée que l’épreuve était la veille… Nous nous retrouvons donc à  devoir reconstituer le premier tour en essayant de rester le plus sérieux possible pendant… 45 minutes !

L’après-midi, nous visitons le centre de Trieste, mangeons de superbes glaces italiennes et trouvons la tortue du parc de Miramare qui m’avait mordue il y a 20 ans !

Un fastueux buffet a lieu le soir, et les élèves de toutes les équipes en profitent pour se mélanger et se «Â socialiser  » en commençant par un loup-garou géant réunissant 26 personnes, et continuant par divers jeux de cartes jusqu’au bout de la nuit !

Le retour

Après un réveil (voire pas de réveil du tout pour certains) plus tardif aujourd’hui, nous partons tranquillement vers l’aéroport de Trieste en compagnie de l’équipe espagnole qui prend le même vol que nous pour Mà¼nich. L’attente du vol est comblée par un mao, et arrivés à  Mà¼nich nous disons au revoir à  l’équipe espagnole. Arrivés à  Paris, j’emmène rapidement Arthur à  la gare SNCF pour qu’il puisse attraper à  temps le dernier train de la journée pour rentrer chez lui, puis je retrouve le RER B, dont le traffic est perturbé par un colis suspect à  gare du Nord…